Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/80

Cette page n’a pas encore été corrigée

teint remarquablement clair, de figure énergique et nullement bestiale, il était plus grand et plus élancé que ses deux compagnons ; outre la sagaie, il avait sur l’épaule un fusil de chasse, de modèle récent, dont la crosse avait été ornée de clous de cuivre, à la mode bara. Chacun des autres portait deux lourdes sagaies, au fer long d’une coudée, au bois épais et court.

Villebois, qui n’était pas sans culture, quoique colon de la brousse, admira cette scène barbare, rehaussée par le cadre sombre de l’impénétrable forêt. Les chasseurs à demi nus, avec leurs formidables épieux et leur meute de chiens fauves, éveillaient en lui des réminiscences inattendues ; il songeait à quelque héros porte-lance de l’antiquité, revenant de la chasse et accompagné de deux bouviers armés de javelots. Puis il sourit à ses propres imaginations : singulier Ulysse que celui qui marchait vers sa maison, avec un fusil orné de clous de cuivre, au lieu du bâton royal incrusté d’or.

Les trois hommes, maintenant, distribuaient des horions à leurs chiens, animés d’intentions malveillantes à l’égard des animaux domestiques de la case. Le grand chasseur au teint clair s’avança seul vers Villebois.

— Hianao va ilay mpihazalambou nasaikiou tounga  ?[1] cria le colon.

  1. Tu es bien le chasseur de sangliers que j’ai fait venir ?