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vue d’Imerintsiatousika, vers quatre heures du soir, elle quitta la route ; par un chemin familier, le long des tombeaux, à l’Est du village, elle se rendit de suite chez l’une de ses cousines, à qui elle comptait demander l’hospitalité. Après les compliments d’usage, toujours longs chez les vieux Malgaches, elle exposa l’objet de sa visite : elle venait chercher au village des Ancêtres une jolie fille qui deviendrait la femme de son fils, après les quelques mois d’essayage réglementaire. Elle ne se dissimulait pas ce que sa négociation offrait d’insolite : d’habitude, en Imerina, garçons et filles s’arrangent entre eux et ne sollicitent l’agrément des parents que longtemps après l’échange des dernières privautés. Enfin les jeunes filles, pour décidées qu’elles soient à céder vite, exigent quand même une ébauche de cour. Dans la circonstance, il fallait renoncer à tous les usages reçus : la future épouse devait partir dès le lendemain matin, avec sa belle-mère, sans avoir vu son fiancé. La vieille cousine, après avoir maugréé contre les nouvelles coutumes et les mœurs singulières des gens de Tananarive, offrit pourtant une de ses nièces, belle et accorte, âgée de quatorze ans, qui mourait d’envie de voir la ville. La mère de Rafaralahy voulut qu’on la lui présentât sur l’heure : les deux vieilles sortirent pour l’aller chercher ; elles descendirent au bout du village le sentier bordé d’aloès, le long des champs d’