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espoir de ne pas se réveiller. Mais les Êtres redoutables qui veillent à l’observation des fady ne voulaient pas de lui sans doute, car il continuait de vivre.

Il cherchait toujours l’acte inexpiable qu’il pourrait commettre. Non loin de Tananarive, sur un mont dénudé, dort, au milieu des touffes de roseaux, une vasque d’eau mystérieuse, près d’une roche hantée par un Vazimba. Depuis que les Houves occupaient le pays, cet endroit était sacré, on ne voyait aux alentours ni cultures ni maisons ; à tous ceux qui avaient enfreint un des innombrables fady attachés à sa sépulture, le Vazimba irrité avait sur place tordu le cou. Rafaralahy, un matin, se rendit à cette montagne : il avait eu soin de manger du porc, animal immonde pour les Vazimba, et d’emporter avec lui des oignons, qui leur sont particulièrement odieux. Il foula les herbes aux abords de la pierre sacrée, il regarda sa propre image dans la source, pour contraindre l’âme à quitter son corps ; il agita et souilla l’eau de la vasque sainte, puis s’en alla, étonné d’être encore vivant. Les abominations commises l’avaient troublé au point qu’il en avait presque oublié Ravô ; l’idée fixe de sa mort à lui, de sa mort toute proche, le hantait seule. Il marchait sans tourner la tête, avec l’épouvante de sentir l’Être s’approcher pour le saisir. Un vent très fort, à un moment, souffla derrière