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tête à droite ou à gauche ; plus d’œillades aux jeunes hommes, plus de plaisanteries avec les bourjanes, plus de farniente provocants dans l’ombre des varangues. Une décence toute britannique régnait à Andevourantou.

Un beau dimanche, le missionnaire voulut se donner à lui-même la satisfaction de constater les transformations morales accomplies. Quand on eut chanté de nombreux cantiques aux sons de l’harmonium, il adressa à toutes ses auditrices, à ses converties, une homélie pathétique qu’il termina par ces mots :

— Mes chères filles, que demanderons-nous au Seigneur, en ce jour où ses grâces semblent particulièrement prêtes à se répandre sur nous, sur vous toutes ? Ne vous paraît-il pas qu’aujourd’hui le souffle de l’Esprit se fait sentir parmi les chrétiennes d’Andevourantou ? Christ n’a plus à vous ouvrir les yeux, à vous dévoiler l’abomination de vos péchés. Vos cœurs, éclairés par la raison, ont triomphé de l’erreur, du vice, de la débauche. C’est l’heure de demander à Dieu le prix de vos efforts, de vos luttes, de votre constance. Exprimez un vœu, consultez-vous toutes et formulez une prière. Je la transmettrai ensuite à l’Éternel avec toute l’ardeur et la confiance que Christ a mises en moi : nul doute qu’elle ne soit exaucée. Prions Dieu, mes sœurs.

Toutes les têtes noires aux petites nattes artistement