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leurs fils et leurs filles ; ils brûleront leurs maisons par le feu. Ainsi je mettrai fin aux infamies dans le pays, et toutes les femmes apprendront à ne point imiter vos désordres » (Ezéch., 23, 46). Les petites Betsimisaraka, peureusement serrées dans leurs lambas multicolores, écoutaient avec effroi l’Homme de Dieu : il leur contait l’histoire de deux prostituées appelées Ohola et Oholiba, et elles redoutaient le sort de ces malheureuses qui, pour s’être données à des hommes venus d’un pays éloigné au delà des mers, avaient été lapidées. Elles aussi s’étaient livrées à des vazaha : devaient-elles pour cela mourir, comme les femmes de l’Écriture ? Certaines, impressionnables comme des enfants, hantées par les paroles du missionnaire, crurent qu’elles étaient réellement de grandes pécheresses : leurs corps furent tout secoués des larmes amères versées sur elles-mêmes. Plusieurs triomphèrent momentanément du péché ; pour un temps la vision de l’amour de Christ l’emporta chez elles sur les images de luxure. Hélas ! elles ne purent garder la main que le Sauveur leur tendait, et retombèrent dans leur erreur.

Cependant le Révérend P. O. Barklay s’illusionnait sur les résultats de ses prêches et de ses prières. Il savait que Rasoua avait mis à la porte de chez elle un jeune gouverneur indigène avec qui ses parents voulaient la mettre en essayage ; mais il ignorait,