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LES DÉBOIRES D’UN PASTEUR


Le pasteur P. O. Barklay sortait du temple de la London Missionary Society, à Andevourantou, et regagnait son domicile. En ce matin de juillet, la chaleur n’était pas excessive, mais humide et molle, après les ondées de la nuit. Le ciel, d’un bleu très doux, semblait ouaté par les brumes qui montaient de la terre ; dans le silence de la ville paresseuse, on entendait seulement le ressac monotone de l’Océan Indien. Le Révérend, mal à l’aise dans la tiédeur amollissante de cette matinée tropicale, se souvenait, malgré lui, qu’il était homme ; sa pensée, avec une lâche faiblesse, s’appesantissait sur les turpitudes de la chair. Sous le casque blanc et l’ombrelle verte, le crâne du pasteur s’échauffait. Son visage rougissait, sans doute à cause du soleil, et parce qu’il songeait avec angoisse à l’immoralité ambiante. L’immoralité malgache, quel thème de prédication ! Pour lui, hélas ! quel fait d’observation courante ! Du Nord au Sud de l’île régnait la liberté la plus absolue des mœurs, c’est-à-dire l’abandon volontaire