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la varangue de l’hôtel, et s’en aller très vite, le long des murs, vers l’intérieur de la ville. Quelques minutes après, M. Destouches parut, il traversa la rue, monta les quelques marches de la terrasse, et vint droit à la table du directeur de la Compagnie Australe. Toutes les conversations s’étaient arrêtées ; on n’entendait que le bruissement aigu des moustiques autour des lampes. Le chef de Service avait l’air ennuyé, gêné, plutôt maussade ; visiblement il échangeait avec son ami des propos sans importance, pour détourner l’attention. La terrasse comprit qu’elle était indiscrète, les conversations reprirent, on feignit de ne plus s’occuper de l’homme du jour.

Sur ces entrefaites Sélam arriva pour recevoir des compliments, qu’il pensait avoir mérités, en même temps que l’honnête récompense due à ses services. M. Destouches lui mit dans la main une piastre, et dit :

— Tu sais, c’est une femme très ordinaire ; à Tananarive, nous avons mieux… Sélam, vexé, s’en alla, en murmurant assez haut pour être entendu d’une partie de la terrasse :

— Vazaha difficile… pas content de la ramatou… moi pourtant l’avais essayée…