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sthénie s’accommodait mal des odeurs communes et fortes, se sentit presque indisposé en respirant la senteur de cette fleur sauvage : il fit signe à Sélam de l’éliminer.

Le deuxième sujet, une jeune Sainte-Marienne, au nez petit et busqué, aux longs cils épais voilant à demi de très beaux yeux, était amaigrie par la maladie ou les privations ; son visage émacié avait une expression de mélancolie douloureuse. M. le Directeur, de goûts plutôt décadents en littérature, pensa qu’il serait rare d’examiner de près cette personne dolente, mais il s’abstint à la réflexion : ne sachant pas un mot de malgache, comment pénétrerait-il dans l’intimité morale de cette sauvagesse endeuillée ? D’autre part certaines maladies, transmises par simple contact, donnent parfois une mine souffreteuse ; il pensa, non sans effroi, à une contagion possible.

La troisième était la propre épouse de Sélam. Une femme n’a pas tous les soirs l’occasion de gagner une ou deux piastres. Le Comorien se fût fait un cas de conscience de priver sa vadibé d’une pareille aubaine. C’était une Anjouanaise très noire, aux yeux assez expressifs, bien faite quoique un peu maigre ; elle portait un double collier de verroterie, et, aux poignets, de lourds anneaux d’argent, ciselés par les Indiens de Majunga. Son lamba orange, à grandes arabesques rouges, se rehaussait d’une large