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était dénuée d’imprévu. Avant midi, elle prenait sur l’épaule les deux bambous creux pour aller chercher de l’eau à la rivière. Le soir, elle pilait ce qu’il fallait de riz pour le repas. Certains matins, elle tressait avec ses compagnes des soubika et des nattes, ou bien elle étalait sur deux longues perches et séchait au soleil les feuilles du palmier manarana, que les gens de la côte envoient en Imerina, où les filles industrieuses des Houves les transforment en chapeaux. Tous les après-midi elle dormait, ou elle faisait le tour du village, visitait des amies, engageait avec elles d’interminables kabary. Rarement elle s’accroupissait à la tête du métier à tisser : pour faire une rabane il fallait plus d’une lune ; c’était une besogne fatigante et très ennuyeuse que de tirer si souvent la navette à travers la largeur de la trame, puis de pousser bien droit le fanantana pour mettre en place les fibres teintes. Elle préférait laisser ce travail aux vieilles femmes dédaignées, qui n’ont plus d’argent pour s’acheter des simbou neufs.

Paresseuse et sensuelle, elle aimait par-dessus tout à se reposer des heures, étendue de son long sur une natte fraîche, ou bien elle se livrait dans l’ombre des cases à l’étreinte des hommes, sans y chercher d’autre sensation que la simple satisfaction d’un instinct impératif comme la faim ou le sommeil.