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était propice : on n’y donnait pas à manger, ce qui évitait beaucoup d’allées et venues ; les patrons n’y paraissaient guère que le matin ; d’ailleurs il n’abritait en ce moment que des célibataires. A huit heures, Sélam arriverait avec les candidates, il les dissimulerait sous les Bois-Noirs de la plage, viendrait prévenir le vazaha. Celui-ci n’aurait qu’à faire défiler les femmes sous la varangue déserte de l’hôtel, pour choisir. M. Destouches remercia et, avant le dîner, s’en fut, tout guilleret, peigner sa barbe qu’il portait longue et soignée. Après son départ, le directeur de la Compagnie Australe ne se fit pas faute de raconter l’histoire au président du Tribunal, à l’administrateur adjoint, au gérant de la caisse d’avances, et à tous les fonctionnaires ou colons, habitués de l’apéritif. Certains se promirent de revenir le soir, pour assister aux fredaines de M. le Chef de Service.

Dès huit heures, celui-ci, après avoir dîné en hâte, s’accouda dans l’angle le plus obscur de la varangue, attendant le messager des voluptés prochaines. Sélam n’arriva qu’à huit heures et demie ; il n’avait pas de montre, et l’exactitude était le moindre de ses soucis : la vie est longue, comme disent les Orientaux.

— Où sont-elles ? interrogea M. Destouches.

— Là-bas, sous les Bois-Noirs. Je vais les chercher.