parmi les Malgaches. Cette satisfaction lui fut accordée. Des bruits de pas sonnèrent sur le chemin ; quatre bourjanes dégringolaient au trot, portant sur un filanzane son voisin d’en haut, le Garde général des forêts. Il partait en tournée ; les bourjanes étaient venus le prendre à son domicile ; donc il n’y avait pas eu de massacre des Européens, ce jour était un jour comme les autres !
Quelle folie avait été la sienne ! Il en voulait à sa femme, qui, le réveillant en sursaut, avait préparé dans son imagination l’éclosion de ce cauchemar. Il se précipita dans la cahute où grelottait Mme Lefort, il fit exprès beaucoup de bruit, l’entraîna vers la maison, ahurie, affolée. Il avait hâte d’aller se coucher pour oublier les heures d’épouvante dans un sommeil plein de sécurité. Il était honteux à l’idée que leurs domestiques malgaches, en arrivant à six heures et demie, auraient pu les chercher dans leur maison, vainement, et les trouver blottis au fond du jardin, comme des bêtes traquées. Quelle humiliation pour eux, des vazaha ! Quelles gorges-chaudes en aurait faites tout Tananarive ! M. Lefort, pour en sortir à son honneur, fit une scène à sa femme. Elle se coucha avec un violent mal de tête. Lui, jugea plus digne, bien qu’il eût sommeil, de ne pas l’imiter. Du reste la curiosité aurait suffi à le tenir éveillé. Il voulait savoir ce qui, exactement, s’était passé ; car cette nuit