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ramatous, accroupies contre le mur, se reposaient avec l’impassibilité malgache. Ce jour-là, l’ennui le gagna de suite. Il avait épuisé toutes les joies de la conquête. Il fut pris de la nostalgie de son casernement, des maisons basses alignées sur le plateau de Betoungoulou, en face de la montagne de Tananarive. Il songeait à ses camarades en train d’astiquer leurs fusils ; il se voyait partant pour la corvée d’eau, surtout il pensait à la grande négresse aux seins en formes de gourdes, aux cheveux crépus, aux grosses lèvres, qu’il avait choisie pour tenir sa case propre. En même temps il jetait un regard de dédain sur les bras menus, sur les formes grêles des femmes assises à ses pieds. Et il rêvait de retourner vers Mme Sénégal, vers sa case en zouzourou, vers ses camarades avec qui il pouvait s’entretenir des villages cassés par eux, là-bas, dans les guerres d’Afrique.

Tout à coup il y eut un brouhaha, et les enfants coururent vers la porte. Dans l’encadrement des grandes pierres brutes parut, se détachant sur le ciel bleu, un groupe familier : un officier en uniforme blanc, accompagné d’un sous-officier et de six Sénégalais. Mohammed reconnut son capitaine, son sergent, ses camarades. Ils se consultaient, semblaient hésiter, en regardant l’autre assis dans son fauteuil, le fusil entre les jambes. Puis le capitaine se détacha seul de la petite troupe et, très naturellement,