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un coq, et blessa un cochon qui disparut dans une case en poussant des cris aigus et déchirants. Faute d’adversaires à combattre, le soldat noir sentait sa fureur tomber et sa lassitude grandir. Il s’arrêta devant une maison en briques crues flanquée d’une varangue, la plus belle du pays ; d’un coup de crosse il enfonça un des battants de la porte vermoulue et entra ! Dans un des coins d’une salle obscure jonchée de nattes, un tas blanc de corps prostrés gisait. Il se rua brandissant son fusil, mais sans conviction : la passivité malgache avait eu raison de sa colère. II ne tua personne : aux coups sourds répondirent des gémissements, des formes apeurées roulèrent ou bondirent jusqu’à la porte et disparurent à l’angle de la maison. Les animaux avaient fui, effrayés. Un silence morne régna, coupé lugubrement par le cri du takatra.

Le Sénégalais, impressionné par la solitude, vint sur le seuil. La prostration succédait à son excitation de tout à l’heure, et ses jambes glacées de sueur avaient peine à le porter. Il eut peur des hommes invisibles dont les yeux devaient l’épier derrière tous les murs. Hâtivement il barricada, comme pour soutenir un siège, la porte et les deux fenêtres, il empila toutes les nattes dans un coin, se coucha dessus et s’endormit au moment où s’obscurcissait le jour.

Quand il s’éveilla le lendemain, des rais de soleil filtraient