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me levai pour boire une gorgée d’eau. Afin de me tranquilliser moi-même, j’ouvris ma cantine pour la première fois en ce voyage, j’en tirai mon revolver, je le sortis de son étui, le glissai sous le matelas à portée de ma main. Rassuré par cette précaution insolite, et cédant à la fatigue, je m’endormis enfin. Mon sommeil fut troublé par des cauchemars. Je me réveillai plusieurs fois en sursaut, haletant d’effroi, mouillé de sueur. Je demeurais immobile plusieurs minutes, attentif au mystère angoissant de la nuit, et je me rendormais dans le silence, malgré ma volonté de rester éveillé. Un rat dégringolant du chaume du toit sur ma moustiquaire me causa une grosse frayeur, vite passée : j’avais l’habitude des rats, hôtes familiers de toutes les cases malgaches dans la brousse.

Il pouvait être une heure du matin, quand brusquement je me réveillai encore, mais cette fois sans mauvais rêve, ni sensation d’angoisse. J’ouvris les yeux : tout de suite je remarquai qu’une large raie de lumière pâle coupait ma moustiquaire vers le pied du lit. Pris d’un vague malaise, j’écarquillai mes yeux encore lourds, et je regardai ; la claie qui servait de porte, écartée légèrement, laissait passer, en un rectangle étroit et allongé, la clarté lunaire. J’étais sûr, absolument sûr d’avoir fermé soigneusement la veille. Alors c’est que quelqu’un l’avait ouverte. L’homme peut-être était déjà dans la