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mon touby, des bénéfices de mon exploitation. L’individu m’inspirait de moins en moins de confiance ; je souhaitais de ne pas l’avoir pour compagnon de route aux prochaines étapes.

— Vous allez aussi à Manandzary.

— Oh ! non ! dit-il, avec un geste vague vers le Nord. Je m’en vais prospecter par là dans la forêt.

On se quitta de bonne heure ; je me couchai de suite, car je devais me lever avant l’aube. Sur l’oreiller je me mis à réfléchir aux singulières allures de mon commensal d’occasion, à ces regards suspects jetés sur mes bagages, au gîte d’étape qui ne fermait pas. J’avais placé, comme d’habitude, ma précieuse sacoche sous mon traversin. Mais une vague inquiétude, ce soir-là, me tenait éveillé, et une nervosité particulière me prédisposait à toutes les peurs de la nuit. Je regrettais maintenant d’avoir fait dresser mon lit dans cette case ouverte et isolée. Pourquoi n’avais-je pas élu domicile chez quelque indigène au milieu du village ? Le voisinage immédiat des Malgaches m’eût délivré du souci de cet aventurier européen. Le murmure monotone du torrent tout proche contribuait à m’empêcher de dormir ; je songeais que ce bruit serait suffisant pour étouffer mes appels en cas d’attaque.

Je me tournais et me retournais dans mon lit, sans arriver à m’assoupir. J’avais presque la fièvre. Je