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a été assassiné quelque part dans l’île.

— Je ne dis pas ; ce serait trop beau s’il n’y avait jamais de crimes. Mais à coup sûr, il y en y a moins que vous ne croyez.

— Vous n’avez jamais eu peur, vous, dit le percepteur, qui n’était pas brave, quand vous couchiez comme ça tout seul, au milieu des indigènes, avec les portes ouvertes.

— Si, j’ai eu très peur, une fois. Un peu plus, ça y était ! je ne revoyais pas la France, ni Bonneville, ni le café des Mille-Colonnes. Mais ce n’est pas un indigène, c’est un compatriote, un Français comme vous et moi, qui voulait me faire passer le goût de l’absinthe.

— Vous ne nous avez jamais raconté ça !

Louis Fournier hésita un moment ; son front se barrait d’un pli d’ennui ; il avait les yeux absents, comme quelqu’un qui regarde des choses lointaines dans le passé.

— C’est que je n’aime guère me rappeler cette histoire ; il n’y a pas beaucoup de gens qui la savent. Enfin, si vous y tenez !...

« C’était à l’époque où j’allais revenir en France, il y a bientôt dix-huit mois. Pendant six ans j’avais prospecté, comme je vous l’ai raconté maintes fois, sur les confins des provinces d’Ambousitra et de Fianarantsoua, aux abords de la grande forêt. J’avais beaucoup peiné, terriblement souffert, parcourant,