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le prochain village était à deux heures de marche : impossible d’y arriver de jour. Eh ! Eh ! Il faudrait voir à l’étape !

Le vazaha regardait la ramatou avec intérêt. Elle avait fermé son parasol, le ciel s’étant un peu couvert. La taille paraissait élégante. Une belle tresse noire tombait par-dessus le dossier du filanzane : ces cheveux-là, dénoués, devaient descendre presque jusqu’aux pieds. Mais le lamba blanc, rejeté par-dessus l’épaule, ne permettait pas de rien deviner du corps.

— Allons ! Vite ! Il est tard, cria-t-il à ses bourjanes.

Les hommes se mirent à courir de ce trot allongé qui leur est propre, se passant le filanzane les uns aux autres par groupes de quatre, se jetant les brancards d’épaule à épaule, sans presque ralentir l’allure, avec une légère secousse qui, pour le voyageur, se répète comme un rythme.

On gagnait ferme sur l’autre filanzane. Pourtant la femme était portée, elle aussi, par des bourjanes de profession. C’était signe que probablement ils avaient été engagés par un vazaha, car d’ordinaire les Malgaches prennent comme porteurs leurs fermiers ou leurs anciens esclaves. L’administrateur, sevré d’amour depuis cinq longues journées, s’emballait à fond. Si c’était une ramatou de vazaha, elle ne pouvait être que jeune et jolie. La bonne fortune