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fonctionnaire de Tananarive en tournée, en mission spéciale ? Un agent des Travaux publics qui va surveiller un de ses six cents chantiers ? Ou encore un colon cherchant fortune ? Un prospecteur en quête d’un piquet à planter ? Ou tout simplement un riche Malgache, visitant quelqu’une de ses propriétés ?

M. l’Administrateur, ravi d’avoir trouvé quelque chose à faire, regardait avec attention le filanzane inconnu. Était-ce un vazaha ? D’ordinaire le nombre des bourjanes permet de résoudre vite cette question. Si la troupe est nombreuse, on peut parier pour un Européen ; si le groupe est petit, c’est sans doute un indigène. Ses bourjanes à lui marchaient vite, se rapprochaient sensiblement des autres. Maintenant les porteurs, là-bas, se détachaient avec netteté sur le ciel au sommet d’une colline. Il y avait cinq bourjanes, six au plus. C’était un Malgache. Pour plus de sûreté, il s’informa près de ses hommes

— Vazaha na malagasy atô ?

— Malagasy.

Il eut une déception, cessa de s’intéresser au lointain filanzane.

Mais, au bout de dix minutes, l’obsession lui revint de cette chose blanche, balancée sur les épaules des bourjanes, de cette chose vivante qui, d’un rythme toujours égal, filait rapidement, sans s’arrêter, disparaissait dans une dépression de terrain,