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invocation, substitua habilement aux deux bonnes piastres du marchand deux pièces fausses de son trésor, qu’il rendit à son client. Celui-ci, tout de suite, remarqua la différence, mais le sorcier lui dit :

— Tu vois comme tes pièces sont noires et laides ; elles ont pris toute la maladie de ton enfant et sont devenues mauvaises. Je te conseille de ne pas les garder, mais de les enterrer secrètement dans quelque coin perdu, loin de ta maison.

Ce qui fut fait.

Quelques jours après, notre homme entreprit une autre cure ; aux remèdes tirés des simples il ajouta la même cérémonie magique. Le malade malheureusement trépassa. Le sorcier ne s’embarrassa point pour si peu ; lorsqu’il mit dans la main de la veuve les deux piastres fausses, il lui dit :

— Tu vois comme tes pièces sont devenues sales et vilaines, le mal de ton mari était si fort que les piastres en sont mortes aussi. Il te faudra les enterrer avec lui dans le tombeau des ancêtres, si tu ne veux pas que de nouveaux malheurs fondent sur ta maison.

Le métier était fructueux. Rakoutoumanga l’exerça en paix plusieurs années. Chaque malade traité, avec ou sans succès, lui rapportait, outre le prix habituel, deux bonnes piastres sonnantes. Le trésor commençait à s’épuiser, tandis que les biens du