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de coupe, il les plongea dans l’eau fraîche de la source, les approcha de ses lèvres, but l’eau vénérée des Betsimisaraka, lentement, la tête renversée en arrière, les doigts mal joints laissant tomber une pluie de gouttelettes. Et son geste simple ressemblait à un rite. A ce moment passa un de ces Antaimourou, qui, de la province de Farafangana, s’en vont dans toutes les parties de l’île, s’engagent comme manœuvres, comme terrassiers, comme orpailleurs, et reviennent avec leurs économies acheter des bœufs ou des rizières dans leur coin de terre natal. Celui-ci arrivait du Nord, et sans doute rentrait chez lui avec un sac de piastres. Il avait fait une longue étape, les cases parmi les cocotiers avaient l’air accueillant, il décida de s’arrêter. Mais, avant de s’asseoir au foyer d’un hôte, il voulut se purifier des souillures de la route ; il déposa sur le sable le long bambou aux deux extrémités duquel il avait équilibré son bagage, quitta son lamba, son salaka, et s’avança dans la mer à quelques mètres du rivage. Quand il eut de l’eau jusqu’aux genoux, il commença ses ablutions. La houle tantôt le découvrait jusqu’aux chevilles, tantôt l’immergeait jusqu’à mi-corps. Prosper Lanthelme admirait l’élégante silhouette bronzée qui, surgissant de la mer, se détachait sur l’horizon lumineux. Soudain, comme une vague plus forte que les autres s’enflait à la hauteur de sa poitrine, l’Antaimourou s’