Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/269

Cette page n’a pas encore été corrigée

de mauvais aloi. De suite il les reconnut fausses : presque toutes étaient à l’effigie du grand empereur qui régna chez les Français au temps d’Andrianampouinimerina. Une stupeur le prit ; longtemps il demeura immobile ; des colères lui venaient ; il avait envie de jeter sur la place le vieux coffre inutile ; puis le désespoir serrait sa gorge, il avait peine à s’empêcher de crier. Les Razana l’avaient donc trompé ; qu’avait-il fait pour devenir ainsi leur jouet ? Son cerveau superstitieux se forgeait des terreurs mystérieuses, et l’âme de tous ses pères oumbiasy tremblait en sa chair. Il lutta contre la peur, toucha ses amulettes ; l’esprit de ruse et de lucre, toujours dominant chez les hommes de sa race, se réveilla en lui. Il eut l’intuition d’un échange possible de piastres fausses contre des vraies, par les mille occasions que pouvait lui fournir l’exercice de son métier d’oumbiasy. Désormais son parti fut pris : il enterra la cassette à fleur de terre, dans le coin nord-ouest de la case, et, s’en remettant à l’inspiration que lui enverraient les ancêtres, il s’allongea sur sa natte et s’endormit.

Le lendemain un Houve vint le chercher pour guérir un malade ; c’était un petit marchand de Boungatsara, village situé au sud d’Ambouhidzanaka, à une demi-heure de marche. L’oumbiasy trouva un enfant de douze à treize ans, atteint d’une fièvre