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un homme ou d’une demeure. Au lieu de recevoir, comme autrefois, un mouton ou un bœuf, pour prix de son intercession, il se contentait d’un quart de piastre, trop heureux si on ne marchandait pas ses services. Aussi avait-il perdu tout scrupule pour exploiter la crédulité de ses compatriotes : lorsque la tradition faisait défaut, il ne se gênait pas pour inventer des oudy et des cérémonies nouvelles. Il était sincère à demi, car il se croyait inspiré par l’esprit des ancêtres et comptait être dédommagé par eux de toutes ses privations. En ce jour il était venu creuser son silo sur l’emplacement de leur ancienne case, pour mettre la récolte de l’année sous leur protection.

Péniblement, il se leva, reprit son angady, se remit à la besogne. Soudain un obstacle inattendu l’arrêta. Ce n’était pas un de ces noyaux de gneiss, entourés d’argile, comme on en rencontre souvent en Imerina, car, sous le choc du fer, le son rendu était sourd : on eût dit du bois sonnant le creux. A coups pressés il déblaya le terrain, ébrécha son angady contre une armature de fer ; en quelques minutes il dégagea la partie supérieure d’un de ces coffres indiens cerclés de métal et incrustés de pierres de couleur, comme en possédaient jadis toutes les vieilles familles des Andriana. Ses tempes battaient, le sang affluait à sa face, il fut obligé de s’appuyer sur le manche de sa bêche pour