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LE SORCIER D’AMBOUHIDZANAKA


Sur l’emplacement de l’ancien Rouva d’Ambouhidzanaka, Rakoutoumanga creusait un silo à riz. Le torse et la tête nus sous le grand soleil, le lamba roulé et noué autour des reins, il s’escrimait à coups d’angady sur la dure latérite ; la sueur coulait à grosses gouttes de ses épaules et de sa poitrine. Il s’arrêta pour se reposer un peu, s’accroupit à l’ombre d’un pan de mur ruiné, assis sur ses talons à la mode malgache. Ses pensées étaient moroses, comme il convenait à un vieil homme, contempteur de l’époque présente. Il songeait avec amertume au temps de sa jeunesse, aux profits que lui rapportait, sous les anciens rois, l’exercice de son métier d’oumbiasy. Jadis possesseur de troupeaux de bœufs, de vastes rizières, de nombreux esclaves, il avait été ruiné par les guerres, les famines, surtout par la venue des étrangers blancs qui avaient bouleversé le pays. Lui, le descendant des chefs du village, il était réduit à travailler de ses mains sa rizière, à creuser un silo, pendant que son fils faisait