fringant, très amateur de ramatous : malheureusement il venait de partir en tournée le matin même. L’adjoint des Services civils, gérant de la Caisse d’Avances, faisait profession de mépriser les femmes indigènes ; jamais, disait-il, malgré de nombreuses expériences, il n’avait pu s’y habituer ; aussi vivait-il avec une créole plus âgée que lui, sale et laide, qui l’avait parfaitement domestiqué. Le garde de milice, bon gros bourgeois placide, était marié ; il s’occupait exclusivement de ses enfants et des légumes de son jardin ; Rochard eut presque le fou rire à l’idée de lui faire des propositions déshonnêtes. Il y avait encore un petit commis créole, joli garçon frisé, mais aussi teinté qu’un Sakalave ; c’eût été faire injure à Kalou que de le lui offrir.
— Ça nègre, pas vazaha, eût-elle répondu.
Restait le Grec (était-ce bien un vazaha ?), trop sordide et trop déconsidéré parmi les indigènes pour entrer en ligne, et le colon du chef-lieu, un vieux Franc-Comtois de soixante-cinq ans, très brave homme, mais physiquement impossible.
La perplexité de Rochard allait croissant. Après mûre réflexion, il résolut de risquer une tentative auprès de l’adjoint des services civils. On le reçut fort mal.
— Monsieur l’Administrateur, je suis étonné, pour ne pas dire plus, de votre démarche. Considérez-