adipeux ; sa beauté, jadis célèbre, était très dissimulée par l’opulence de ses formes. Évidemment elle pouvait encore trouver preneur, mais la demande risquait d’être inférieure à l’offre.
— Comment faire ? Comment faire ? se disait l’administrateur.
Manquer de parole à la reine, c’était la mécontenter, désobéir aux instructions du gouverneur général, risquer de compromettre nos relations amicales avec plusieurs tribus. D’autre part, à qui confier cette… mission ? Rochard, dans la brousse, croyait avoir fait l’apprentissage de tous les métiers : il avait été magistrat, marchand, maître d’école, chef de guerre, avocat, jardinier, ingénieur, maçon ; il se jugeait prêt à n’importe quelle éventualité ; mais ce jour, tout de même, lui réservait une surprise. Plus il réfléchissait, plus il était embarrassé, et le caprice de Kalou lui semblait de moins en moins drôle.
Mentalement il passa en revue la population masculine européenne du chef-lieu du district. En fonctionnaire respectueux de la hiérarchie, il commença par lui-même, et il s’élimina de suite, d’abord en sa qualité d’homme marié, puis par un obscur et inconscient dédain des charmes de Kalou, enfin en raison de la jalousie connue et pour lui redoutable de son épouse. Venait ensuite le médecin inspecteur du district, un jeune aide-major, célibataire,