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La déception fut grande. L’administrateur surtout était dans le désespoir. C’est à peine s’il avait pu s’entretenir avec le gouverneur. Celui-ci n’avait pas voulu voir les ramatous sakalaves ; il hésitait même à donner audience à Kalou. Mais le chef de sa maison militaire lui rappela les services rendus par cette reine à la cause française, et il consentit à ce qu’elle lui fût présentée.

Kalou s’était parée avec une coquetterie royale. Elle avait revêtu un akandzou brodé à Tananarive, par-dessus lequel était drapé un lamba de soie orange, à grands ramages ; à ses chevilles sonnaient des anneaux d’or ; elle portait au cou un lourd collier indien, à trois rangs, et, suspendues à une ficelle crasseuse en fibres d’aloès, les amulettes de ses pères, des dents de caïman creusées, pleines d’ingrédients bizarres, des morceaux de bois et de racines sacrées, de petites figurines d’argent, des pierres rares, agates ou porphyres, de minuscules sacs en peau contenant les oudy efficaces. Au-dessous, sur sa poitrine opulente, elle avait attaché l’Étoile d’Anjouan, le Croissant de la Grande-Comore, et, entre les deux, la croix d’officier d’Académie et celle du Mérite agricole, généreusement octroyées par le gouvernement de la République pour la solde des onze cents guerriers mis à notre disposition.

Elle entra, conduite par l’administrateur. Le gouverneur