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que des stupéfiants. Il y avait eu, quelques mois plus tôt, des chiens enragés dans le pays. Les amis de Schwarz, interrogés, étaient sûrs que l’Allemand n’avait pas été mordu, mais ne pouvaient affirmer qu’il n’eût pas été léché par quelque chien ou griffé par quelque chat. De plus un babakoutou avait disparu de la maison, quelques jours auparavant ; or les lémuriens prennent très facilement la rage. Tout semblait s’expliquer. On cacha au malheureux l’affreuse maladie dont il était atteint, et la morphine lui évita l’excès de la souffrance. Après la première crise, dans la demi-conscience que lui laissaient les stupéfiants, il appela ses amis, leur parla d’une façon incohérente de son enfance, de son départ, de ses parents. Toujours il voulait chasser Ranirina, il la repoussait quand elle s’approchait de lui, il criait qu’à cause d’elle, parce qu’il l’avait aimée trop longtemps, il ne reverrait plus son père et sa mère, et l’Allemagne. Puis, dans la prostration qui précéda la crise finale il tendait les bras vers la mer, en murmurant que le Zanzibar était sur rade : ses yeux extatiques voyaient la coque blanche et rouge du navire qui devait l’emporter vers la ville hanséatique. Puis il ne se crut plus à Tamatave, mais dans une petite chambre bien connue de la Schmiedenstrasse, à Hambourg, sa chambre d’enfant et de jeune homme. Rien n’y était changé. Par la fenêtre carrée on