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main de son amant, il bornait son idéal aux voluptés simples que lui offrait Tamatave. Quant à Ranirina, insouciante, elle ne songeait plus à l’échéance du départ. Un jour elle regardait le grand manguier du jardin, paré de tiges roses aux fleurs épanouies, et elle regrettait que l’époque ne fût pas venue encore des mangues à la pulpe savoureuse. Soudain l’affreuse idée se fixa de nouveau dans son cerveau d’enfant : il devait s’en aller pour toujours vers sa terre lointaine, quand les mangues seraient mûres. Elle ne lui dit rien, mais devint brusquement mélancolique et indifférente à tout. L’Allemand, hanté de la même obsession, perdit courage devant cette douleur et dit ses projets. Il avait supplié ses parents de lui donner la succursale de Tamatave, de l’y laisser à jamais. Ranirina, avec sa mobilité habituelle, fut vite consolée. Quelques jours plus tard, le courrier apporta d’Allemagne la réponse : le père reprochait au fils son ingratitude envers la patrie allemande et envers lui-même ; il avait bien gagné de se reposer un peu vers ses vieux jours et il voulait que le nom des Schwarz continuât à figurer le premier dans la raison sociale de la maison ; il sommait donc son fils de rentrer à Hamburg à la date fixée et demandait par câble un accusé de réception de sa lettre. Le jeune Allemand, discipliné, câbla qu’il rentrait.

A partir de ce moment, son égoïsme masculin et sa