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loin, au delà des bancs de sable, emportant son rêve. Les ondulations mêmes qui ridaient la surface des lagunes s’étaient effacées déjà, et Ranirina s’en retournait vers la case paternelle, en proie à une vague tristesse. Elle écoutait avec une joie mêlée de dépit les propos des vazaha qui lui offraient en riant de l’épouser et de l’emmener avec eux vers leurs villes lointaines. Un surtout la regardait avec des yeux pleins de désirs ; souvent Ranirina pensait à lui. Il passait régulièrement, étant commissaire à bord de la chaloupe ; il venait droit au lieu où il savait la trouver ; quand elle était allée travailler aux rizières, il s’enquérait d’elle auprès des femmes du village. Brusquement, un jour, elle décida de le suivre, et, comme il lui demandait en la quittant :

— Quand pars-tu avec moi, petite Ranirina ?

— Demain, répondit-elle sans hésiter.

— Bien vrai ?

— Oui.

Il rougit de plaisir, à la façon des blancs ; lorsque la chaloupe partit, il lui criait encore, penché à l’arrière pour la voir plus longtemps :

— A demain, Ranirina.

Elle s’en fut prévenir ses parents. Maintenant que la chose était presque faite, elle n’en éprouvait pas le contentement attendu. Au contraire elle se sentait triste à l’idée de quitter ses parents, ses compagnes,