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l’ouest, les vieillards, et, à l’est, les femmes élargissaient le cercle hors de l’ombre portée par l’Arbre-des-Kabary. Ils avaient tous pour unique costume une sorte de loque autour des reins, un pagne d’une indéfinissable couleur. La lessive et les bains sont inconnus dans un pays où il pleut deux ou trois fois l’an ; ces Androuy étaient d’une saleté repoussante et nourrissaient dans leur crasse une abondante vermine. Leurs yeux, brûlés de soleil, rongés de poussière, étaient rouges et chassieux ; des mouches noires s’y posaient, qu’ils ne prenaient même pas la peine d’écarter. L’odeur âcre et forte de ce peuple mal tenu, jointe aux effluves rances des graisses prodiguées dans les boules des chevelures, donnait presque des nausées à l’administrateur ; mais c’était un vieux colonial qui en avait senti d’autres ; son nez blasé supporta l’épreuve héroïquement. Il fit signe à l’interprète et commença son kabary. Il parla une longue demi-heure, comme il sied à un grand chef ; pendant que l’interprète traduisait une phrase, il en préparait une autre ; avec l’habitude qu’il avait de ce genre de cérémonies, il aurait pu continuer indéfiniment.

Quand il eut terminé, le chef de la confédération des clans réunis à Bemadilou se leva pour exposer, après les grandiloquences d’usage, les vœux de toute la tribu. Au grand Vazaha, maître de cette terre et père des Androuy, on demandait trois choses : empêcher