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là des traces de défrichement, attestaient les cultures, champs de manioc ou de patates ; et derrière les impénétrables fourrés de cactus devaient se cacher des villages.

Toute la population était groupée dans une clairière, autour d’un arbre gigantesque, et attendait l’administrateur. Quand il parut, éclata un vacarme assourdissant : mugissements rauques des conques, appels graves des cornes, détonations d’armes à feu, coups sourds frappés sur les ampounga, les troncs d’arbres creusés, recouverts de peaux de bœufs. Les chefs s’avancèrent vers le Vazabé, le grand Blanc maître de cette terre, qui venait voir ses enfants malgaches. On le conduisit à l’Arbre-des-Kabary, un vieux tamarinier au tronc énorme, aux longues branches droites couvrant de leur ombre, les jours de fête, toute la tribu, et tout le troupeau aux heures de soleil. Le vazaha monta sur une large pierre plate, disposée au pied même de l’arbre ; autour de lui, en cercle, les chefs des clans s’accroupirent à terre. Les uns portaient une sagaie, quelques-uns avaient de vieux fusils de traite ; presque tous se drapaient le torse dans de petits lambas en soie du pays, parfois ornés de perles, mais si sales qu’on ne distinguait plus la couleur primitive de l’étoffe. Derrière les chefs était assise, les jambes croisées, sur la terre nue, la foule hérissée de sagaies des hommes et des jeunes gens. Plus à