Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/221

Cette page n’a pas encore été corrigée

octroyant un petit quatre-sous, et Impouinimerina put recommencer ses courses errantes.

Il n’eut qu’un rayon de joie pendant ces épreuves, le jour de son audience au gouvernement général. Le gouverneur le reçut avec affabilité, le questionna longuement sur son pays et son peuple, écouta patiemment toutes ses histoires, et lui fit cadeau de cinquante piastres et d’une caisse de champagne. Impouinimerina en sabla quelques bouteilles le soir même, et s’endormit, ivre-mort, sous sa varangue. Mais, peu habitué aux nuits fraîches des Hauts-Plateaux, il prit un refroidissement. Un médecin déclara que le séjour à Tananarive, pendant la saison froide, était extrêmement dangereux, pour ce vieillard, dans les faibles conditions de résistance où l’avait mis l’alcoolisme. On fut inquiet au Bureau du Personnel : si le roi bara venait à mourir en Imerina, qui sait ce que son peuple s’imaginerait ? On croirait là-bas à une suppression volontaire du mpandzaka, à un de ces empoisonnements fréquents jadis sous la monarchie houve. Il n’en fallait pas davantage pour faire éclater une insurrection dans le Sud ; Impouinimerina devait à tout prix rentrer vivant dans son royaume. Le lendemain, il prenait le train pour Tamatave ; trois jours après, il était embarqué à destination de Tuléar.

Quand il arriva, son état, sans être meilleur, n’avait pas empiré. Il prit juste le temps de s’approvisionner,