Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/219

Cette page n’a pas encore été corrigée

obscurs, aux varangues vermoulues ; les jardins de la Résidence, où des femmes, portant des soubika toujours vides, balaient éternellement, avec des petits balais en joncs très propres, des escaliers immaculés ; le tombeau du premier ministre, de style indo-malgache, qui dresse lugubrement vers le ciel bleu deux longs cônes tirebouchonnés. Ils traversèrent et retraversèrent les cent quartiers de la Ville-aux-mille-Villages : Ambatounakanga, bordé par les magasins des Indiens, des Chinois et des Houves, Ambouhidahy, où vivent, dans des cases en terre crue, les marchandes d’amour, Andouhalou, où la musique, deux fois la semaine, dans des jardins presque déserts, joue pour quelques ramatous, Ambouhipoutsy, qui domine l’étendue bariolée des rizières jusqu’aux masses chaotiques des monts noirs de l’Ankaratra, Mahamasina, la Plaine-de-la-Consécration, ceinte de saules et de lilas de Perse, où flotte, dans l’air nocturne, le parfum des daturas, Ambanidia, riche en poules et en cochons, et Analakely, avec les innombrables paillotes du marché, entre lesquelles circule la foule blanche des acheteurs.

Parfois ils s’asseyaient sur quelque débris de mur écroulé, ou bien entraient chez un Grec pour boire un verre de toaka. Ils avaient l’air las et ennuyé. Des gamins faisaient cercle autour d’eux, éblouis par le brillant uniforme, ou quelque vazaha demandait