la terre où reposaient les Ancêtres. Dans la terre des Bara se fit sentir aussi la colère des Razana : des maladies inconnues décimèrent les troupeaux et dépeuplèrent les villages.
Impouinimerina, malgré son despotisme, dut compter avec les préjugés de ses sujets. Il eut recours au célèbre oumbiasy Lemazava, dépositaire des secrets anciens, qui connaissait les rites appropriés à chaque circonstance. C’est lui qui avait le privilège de garder dans une case sacrée, non loin de la demeure royale, le sampy Andriamamounou, dieu protecteur de la famille souveraine. Andriamamounou était le grand ancêtre, procréateur de la race des Imamounou ; il était invisible, mais son esprit habitait dans le cœur de ses descendants les rois des Bara ; sa voix leur parlait, ainsi qu’à l’oumbiasy son gardien ; et ceux-ci l’entendaient comme si c’eût été la voix d’un homme. Il avait choisi comme demeure habituelle l’oudy qu’on appelait mihamba : c’étaient les deux cornes d’un taureau rouge décorné tout vivant ; elles étaient liées ensemble avec des fibres de l’arbre voualandza, et ornées de multiples rangs de perles jaunes et vertes ; elles contenaient les poils et les cheveux des arbres sacrés, c’est-à-dire les racines et les menus rameaux du hazouvoury, la plante qui bave, du natou à l’écorce couleur de sang, et du laza au feuillage parleur, qui tous trois poussent dans la forêt ; ces