Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/207

Cette page n’a pas encore été corrigée

il vous faut aller trouver de suite Mme Lebrègeois. Vous lui confierez que le mpandzaka la trouve à son goût, et vous a proposé de l’acheter cent bœufs. Soyez tranquille, elle ne prendra pas trop mal la chose ; une femme est toujours flattée d’être distinguée, fût-ce par un sauvage. Vous lui direz ensuite que les ventes de femmes sont courantes chez les Bara, qu’on ne pourra jamais faire entendre raison à ce mpandzaka toujours ivre, que par convenance il importe qu’elle disparaisse. Envoyez-la chez son amie, la femme de l’administrateur du district de Bémalaza.

— Et Impouinimerina ? Qu’est-ce qu’on va lui dire ?

— Laissez-moi faire.

M. Lebrègeois, effaré, ne discuta plus. Une heure après, Mme Lebrègeois, dûment convertie, partait en filanzane.

Alors l’administrateur d’Ankazouabou exposa son plan. Au chef-lieu même de la province, dans une maison très hospitalière de l’avenue des Manguiers, vivait une femme créole, de moralité douteuse. Elle avait la corpulence de Mme Lebrègeois, des cheveux blonds comme elle, une certaine ressemblance dans les traits et la démarche.

— La distinction mise à part, se hâta-t-il d’ajouter, mais Impouinimerina n’en a cure. Cette créole n’est plus jeune, elle a fait les délices de la garnison