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la femme vazaha de mon grand ancêtre. Ce soir tu me l’enverras dans ma case, pour qu’elle dorme sur ma natte.

Il dit, et couvrit Mme Lebrègeois de regards concupiscents. Heureusement, à tout hasard, on l’avait placé en face d’elle, entre les deux administrateurs, sans quoi il se fût peut-être livré à quelque démonstration fâcheuse. La dame, candide, ne se doutait de rien. Le mari faisait des signes à son adjoint, pour qu’il inventât une ruse, n’importe laquelle, qui mît fin à cette situation. Le chef du district d’Ankazouabou résolut de temporiser.

— Il est fady pour les vazaha, dit-il en malgache, de parler de ces choses avant que le soleil soit à son déclin. Ton frère de sang a entendu ce que tu lui demandais ; ce soir il t’enverra sa vadibé. Mais maintenant n’en parle plus.

Impouinimerina, satisfait, garda le silence. Au café, on lui versa de l’anisette dans un grand verre. Il n’en avait jamais bu, y prit goût et en redemanda. Bientôt il fut ivre-mort.

— Nous en voilà débarrassés pour quelques heures, dit l’administrateur adjoint à son chef ; avisons !

Mme Lebrègeois venait de se retirer.

— Eh bien ! Vous en avez fait de belles ! Je n’ai pas osé vous contredire ! Mais, quoi ? Vous lui promettez ma femme maintenant !

— Calmez-vous, je me charge de tout. Seulement