l’or. Les deux futurs frères en saisirent chacun le bois et maintinrent l’arme bien verticale. Le principal oumbiasy des Bara s’approcha pour prononcer l’invocation d’usage. Il appela d’abord les Êtres redoutables, garants du fatidra, ceux qui ont enseigné aux hommes l’amitié et l’amour, les Zanahary, Maîtres-de-la-Vie, Dispensateurs-des-Richesses, Inventeurs-du-Riz. Il prit à témoin le sampy Andriamamounou, procréateur de la race. Il énuméra les obligations qui lient les frères de sang, avec des sanctions étranges, répétées comme des litanies. Quand toutes les imprécations furent finies, on versa un peu de l’eau contenue dans le plat sur la tête de chacun des contractants, on inclina vers les quatre points cardinaux le fer de la sagaie ; enfin Impouinimerina et M. Lebrègeois échangèrent une goutte de sang : la cérémonie du fatidra était terminée.
Pendant que rôtissaient les quartiers de bœuf, les poulets et les dindons, l’administrateur envoya chercher une pièce de cotonnade, un fusil avec cent cartouches de chasse, douze bouteilles de champagne, une dame-jeanne de rhum, cadeaux pour Impouinimerina. Avant qu’on se mît à boire, celui-ci fit visiter à son frère de sang les cases royales.
— Ce que tu vois ici est à toi, disait-il, car maintenant tout est commun entre nous. Le riz et le manioc, les rabanes et les nattes, les boules de caoutchouc,