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et du manioc, de l’accroissement des troupeaux. Il demanda s’il n’y avait pas eu ces derniers mois de vols de bœufs, si on avait vendu beaucoup de caoutchouc aux Indiens. Il prévint Impouinimerina que le Fandzakana allait construire une route de Manera à Ankazouabou, afin de faciliter les échanges et d’enrichir le pays : les marchands indiens, créoles ou betsileo viendraient ainsi plus facilement dans les villages bara pour acheter les bœufs, le caoutchouc et le riz. Le mpandzaka se défiait un peu de cette route ; il aimait bien les blancs, mais redoutait de voir le nombre des étrangers devenir trop grand en son pays. Pourtant il n’osa rien dire. Il déclara au grand chef que les impôts rentraient bien, que le Fandzakana ne perdrait pas une piastre cette année. Ensuite la conversation languit. On parla de la pluie récente, de la crue des fleuves, des rizières inondées. Impouinimerina raconta qu’il aimait beaucoup le vin de Bordeaux mélangé par parties égales avec de la menthe, et qu’il faisait de cette mixture sa boisson habituelle.

— Mais tu vas te tuer, malheureux ! s’écria M. Lebrègeois. Si tu veux vivre âgé, bois du vin de Bordeaux pur, ou coupe-le d’eau, mais abstiens-toi d’alcool.

Impouinimerina prit un air piteux : il avait grande confiance dans le vazaha-bé.

— Je ne boirai plus ce mélange, puisque tu me dis