Puisqu’on le tenait, autant valait le garder. Mais pourquoi, pourquoi diable cette soumission tardive ? Boutoumoura narra son histoire. Après l’affaire du gué de la Mania, quelques compagnons l’avaient transporté en lieu sûr. Il s’était guéri assez rapidement. Mais la nouvelle de sa mort s’était accréditée. Quinze jours plus tard, lorsqu’il sortit de sa cachette, tout était pacifié. Il se rendit compte qu’à la première tentative de sa part, on le livrerait aux vazaha ; abandonné de ses derniers fidèles, il se retira dans une grotte au milieu de la forêt de Besakoua. Il avait vécu là soixante lunes, tuant, quand s’en présentait l’occasion, un bœuf sauvage à coups de sagaies, vivant le reste du temps de bananes et de racines. Puis il en avait eu assez de cette existence. Les rebelles qui étaient venus après la guerre faire leur soumission avaient eu la vie sauve. C’est tout ce qu’il demandait.
L’administrateur comprit qu’il ne tirerait rien d’autre de ce rebelle soumis et entêté. Après l’avoir confronté avec un certain nombre de personnes, pour s’assurer de son identité, il l’envoya au chef-lieu de la province, sous bonne escorte. L’affaire ne fut point ébruitée. On conduisit Boutoumoura à Tsindzouarivou, ancien séjour d’été de la reine ; il y fut soumis, avec quelques autres rebelles de son espèce, au régime de la prison libre. Il habitait une