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ordre de remettre le commandement au lieutenant Bouloit, du poste de Manandaza.

Cette mutation produisit dans le pays un effet désastreux et accrut la gloire de Boutoumoura. Le chef des insurgés était devenu une sorte de personnage légendaire ; on lui prêtait tous les exploits de tous les Fahavalou ; il passait auprès des indigènes pour un sorcier puissant ; lui-même se croyait invulnérable, à cause des oudy contre les balles, que lui avaient donnés les oumbiasy. Plus redouté que n’importe quel vazaha, maître presque incontesté dans la brousse, il commit l’imprudence, dans plusieurs rencontres, de se montrer à découvert. On tira sur lui sans l’atteindre : sa confiance en ses oudy en fut renforcée.

Un jour le lieutenant Bouloit conduisait une petite colonne, composée de 50 tirailleurs malgaches et d’une dizaine de soldats européens, vers un village où avait été signalée la présence des ennemis. Le détachement venait de traverser la Mania, très resserrée en cet endroit, et longeait le pied d’une colline abrupte, dominant la rivière. En haut, des rochers de gneiss se dressaient comme une muraille. L’officier pensait qu’un pareil lieu serait admirablement choisi pour une embuscade. Soudain des coups de fusil éclatèrent, et dans 1’air vibrèrent des sagaies. Quatre tirailleurs tombèrent, les autres s’enfuirent en arrière vers le gué. Les soldats