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son existence. Finalement tous deux avaient peur de se tromper ; les guerriers sakalaves se ressemblaient tous ; ils croyaient bien que c’était Boutoumoura, mais ils n’en pouvaient pas répondre.

Alors on alla chercher dans les villages des notables qui avaient connu le chef fahavalou avant l’insurrection. Les uns répondirent évasivement, craignant de se compromettre ; les autres, inquiets, regardèrent le vazaha pour deviner ses désirs et répondre ce qu’il souhaitait d’apprendre : ils affirmèrent que c’était Boutoumoura. L’attitude des deux indigènes qui avaient apporté la tête acheva de convaincre Challage : ils se tenaient debout dans un coin, impassibles et indifférents, comme si la question qu’on débattait ne les eût pas intéressés le moins du monde. Le capitaine se décida à leur compter les cent piastres. Ils partirent, sans hâte, après avoir causé un peu avec les gens du village. La tête de Boutoumoura fut exposée un jour sur la place, attachée en haut d’un piquet, puis on l’enterra dans un coin. Challage écrivit à son chef un rapport détaillé sur cet événement d’importance.

Le lendemain un indigène, porteur d’une soubika, demanda le capitaine ; introduit dans la case, il tira de la corbeille une tête fraîchement coupée et deux mains, les déposa aux pieds du vazaha, et déclara qu’il venait toucher les cent piastres promises pour la mort de Boutoumoura. L’officier sursauta :