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avoir trouvé tout en ordre. Mais un nouveau village brûlait dans la direction du Sud. Fallait-il fusiller l’espion ? Challage le regarda, c’était un enfant de douze ou quatorze ans au plus ; il le fit chasser avec quelques bons coups de plat de baïonnette.

Résolu pourtant à en finir, il mit à prix la tête de Boutoumoura : cent piastres à qui le lui amènerait mort ou vif. Les nouvelles vont vite en pays malgache : elles se transmettent de village à village ; les gens qui travaillent dans la campagne se les crient les uns aux autres ; en un jour elles font vingt lieues. Au bout de quarante-huit heures tout le secteur était prévenu. Le capitaine ne fut que médiocrement étonné, à la fin de la semaine, quand on vint lui annoncer deux indigènes apportant la tête de Boutoumoura. Ils avaient un aspect quelconque de villageois paisibles, l’air craintif et sournois. L’un d’eux portait une soubika recouverte d’un lamba sordide. Ils expliquèrent que la bande des Fahavalou s’était désorganisée à la nouvelle que la tête de son chef avait été mise à prix ; Boutoumoura était arrivé avec cinq ou six hommes dans leur propre village, la veille au soir. Pendant la nuit, ses derniers fidèles l’avaient abandonné ; il était parti seul et farouche, à l’aube, dans la forêt. Eux l’avaient suivi patiemment, comme on prend la piste d’un bœuf volé ; à l’heure où le soleil ne fait