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il eut envie d’en faire empoigner et fusiller quelques-uns pour servir d’exemple aux autres. Ce n’était pas le moyen de mettre fin à l’insurrection. Il se dompta ; il parla aux indigènes avec douceur. Deux heures plus tard les poursuivants de Boutoumoura revinrent avec trois hommes blessés de coups de sagaies. On avait repris quelques soubika de riz, qu’on avait abandonnées, vu leur poids, dans la brousse. Les Malgaches n’osèrent pas aller les chercher. Toute la troupe reprit le chemin du poste, aux premières lueurs de l’aube.

Deux jours plus tard, un jeune garçon sakalave vint dire qu’on avait vu Boutoumoura dans la direction du Nord : les gens du village de Beravina suppliaient le chef du secteur d’accourir pour les protéger. Le capitaine partit avec un détachement, mais se garda, craignant une embuscade, de suivre le chemin indiqué par le guide. Bien lui en prit. Pendant qu’on passait en pirogues une rivière grossie par les pluies, le jeune Malgache essaya de s’enfuir : on le rattrapa, on serra ses liens davantage jusqu’à Beravina. Les indigènes ne le connaissaient pas, n’avaient pas entendu parler des Fahavalou. Le prétendu guide était un émissaire de Boutoumoura, chargé d’amener les vazaha dans un guet-apens ou de les éloigner du poste. Que se passait-il là-bas, pendant l’absence du détachement ? Challage angoissé revint en hâte, et ne respira qu’après