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été maladif. Le père commença de s’épouvanter ; peut-être le Vazimba, l’Être mystérieux et redoutable, caché dans la roche près de la fontaine, était-il irrité pour de vrai. Ranaivou avait profané sa source, s’était moqué de sa puissance. L’Être s’était ven-gé, en venant la nuit dans la case tordre le cou au petit Ralambou, au premier-né du violateur de ses fady.

Le lendemain, un grand vent souffla toute la matinée en tourbillons ; le soleil luisait à demi, au milieu de brouillards rougeâtres, comme un gros œil sanglant ; de lourds nuages s’accumulèrent sur la forêt ; la pluie enfin tomba. Puis, chaque après-midi, l’eau vint, en averses fécondes, rafraîchir la terre, qui se couvrit de verdure et de plantes. En même temps arrivaient du Nord les convois de riz, les troupeaux de bœufs, envoyés des régions épargnées par la famine.

Mais un second enfant était mort dans la case de Ranaivou ; les autres restaient languissants ; on craignait surtout pour la vie du dernier né. Il refusait la nourriture ; tous les deux jours, à l’heure où son père avait mangé les poissons de la source, il était pris de terribles accès de fièvre. Le père, à ces moments-là, semblait lui aussi délirer ; il prononçait des mots sans suite, s’en allait comme un fou dans la campagne. Les gens du village prétendaient qu’un sort avait été jeté aux enfants de Ranaivou.