disparu depuis longtemps. Les habitants, pour n’avoir opposé aucune défense, avaient eu leurs biens pillés, mais leur vie sauve ; ils s’étaient dispersés dans la brousse voisine, et se hâtaient de revenir, à l’arrivée des vazaha, pour tâcher d’arracher quelques débris de cases à l’incendie. Interrogés sur les rebelles, ils ne répondirent qu’un mot : Boutoumoura. Le capitaine savait la vanité d’une poursuite en pleine nuit, dans ces circonstances : il lança pourtant la moitié de sa troupe sur les traces de l’ennemi, avec ordre de ne pas s’aventurer trop loin.
Les indigènes semblaient revenus. La plupart s’occupaient à improviser des abris, en attendant qu’on relevât les maisons ; mais l’officier fut frappé du petit nombre des hommes dans cette population. Sans doute les manquants étaient avec une autre bande de Fahavalou qui à cette heure brûlaient très loin de là un autre village. Ainsi le butin pris à l’Est compensait les biens perdus à l’Ouest. Quant aux cases brûlées, elles n’avaient que peu de valeur ; elles représentaient seulement quelques journées de travail. Les hommes absents venaient peut-être de partir avec Boutoumoura, afin de réparer dans une occasion prochaine les pertes subies. La tactique était connue. Aussi la tranquillité de ces indigènes exaspérait Challage : leur résignation même décelait leur complicité. Un moment il vit rouge ;