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vers huit heures, on vint la prendre et on la mena aux bureaux du district. Le vazaha lui dit :

— Montre ton enfant ?

— Il est fady, même pour un vazaha, de voir mon enfant, répondit la femme, car c’est défendu par le Zanahary.

— Il faut pourtant que je le voie, insista-t-il, faisant signe à un milicien. Celui-ci enleva brutalement le lamba qui couvrait l’enfant, sans que Raketaka osât faire le moindre geste de protestation ; et le poupon supposé – une poupée informe – alla s’écraser par terre. La tête et le cou étaient en argile, le front se hérissait de poils roussâtres empruntés à la queue de quelque vache ; le corps et les pieds étaient en son cousu dans de la toile, les bras et les mains en terre rouge mêlée de suie. A la vue du monstre, tout le monde éclata de rire. L’administrateur ordonna que le prétendu enfant fût exposé sur une table au milieu de la place, puis jeté dans les fossés du village. Raketaka pleurait à chaudes larmes, comme si son enfant était mort ; les gens d’Ambalatsiraka, rabattant leurs lambas par-dessus leurs oreilles, s’en allaient tête basse, cependant que leurs rivaux d’Amboudivouhitra ouvraient partout de turbulents kabary, en rejetant fièrement par-dessus l’épaule droite le coin de leur toge blanche. Ils racontaient à qui voulait les