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lâcha aussitôt l’un des bœufs et on tua l’autre pour en distribuer la chair, selon le rite, aux gens du village, d’après leur degré de parenté et leur caste. Puis on alla chercher l’enfant, et tout le monde s’empressait afin de contempler le fils merveilleux que le dieu de Raketaka lui avait donné. Mais Raketaka, entrée seule dans la chambre, sortit portant sur son dos, à la mode malgache, un petit être complètement enveloppé dans les plis du lamba. Personne, affirmait-elle de nouveau, n’avait le droit de le regarder : c’était défendu par le Zanahary, et, si on enfreignait le fady, l’enfant mourrait.

Donc ce jour et ceux qui suivirent, elle portait seule son petit, en le dissimulant à tous les yeux. Les gens du village croyaient fermement que c’était bien le fils du Zanahary, le mari et les frères de la femme comme les autres. La clientèle revint à Raketaka, plus nombreuse que jamais, et la vieille rafoutsibé, ennemie de la prospérité du ménage, se consumait de jalousie. Les choses allèrent ainsi pendant sept mois. Quand Raketaka sortait seule, elle fermait avec soin la porte de la case ; lorsqu’elle portait son enfant, elle le cachait tout entier dans les plis du lamba. Pas une fois quelqu’un n’entendit crier ou pleurer le bébé. Alors des bruits malveillants recommencèrent à circuler. Certains prétendirent que Raketaka n’avait jamais été enceinte, qu’elle avait feint d’accoucher, qu’elle faisait semblant