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tous sans exception. Mais laissez-moi le supporter seul à votre place. Vous êtes encore trop jeunes : ce serait triste de vous voir mourir avant d’atteindre la vieillesse. Or le Sikidy exige que quelqu’un de nous mange les deux fiana en les mêlant à du riz ; le malheur ne tombera que sur celui-là, tandis que, si personne ne veut les manger, nous subirons tous la malédiction du fady. Je vais donc me sacrifier. Si je meurs, tant pis ; il faut que le sort s’accomplisse. Si je vis, tant mieux ; c’est que le repas ne devait pas m’être funeste.

La femme fit cuire les poissons avec une petite mesure de riz qu’on avait réservée pour les enfants les plus jeunes : l’homme mangea tout. Les fils et la mère pleuraient autour de lui, car ils croyaient que le père allait mourir après son repas. Quand l’homme fut rassasié, il eut peur que sa famille ne soupçonnât la ruse. Alors il contrefit l’insensé, se roulant par terre, déchirant les nattes avec ses dents, se mettant dans la bouche de l’herbe et de la terre, criant à tue-tête : Fiana ! Fiana ! Quand il fut las de cette comédie, il se leva comme accablé, courut se plonger dans l’eau de la source, et déclara que cette ablution l’avait guéri. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La nuit suivante, un des enfants, le fils aîné, mourut d’épuisement et d’inanition : il avait toujours