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de face, de trois quarts, de profil. Puis, comme il était difficile d’échanger des impressions avec ces aborigènes d’une île lointaine, on revint aux distractions plus banales du flirt, du bridge ou du tennis. Les maîtres de la maison, au bout d’un jour, se trouvèrent embarrassés de leurs hôtes exotiques et furent heureux de les voir abréger leur visite. Car eux aussi, gênés, mal à l’aise, n’aspiraient qu’à partir. Le surlendemain, ils étaient de retour à Paris.

Leur bourse était presque vide ; leurs cerveaux commençaient à s’obnubiler sous le choc de tant d’impressions nouvelles. Ils en avaient assez du pays des vazaha. Attristés par les foules noires qui circulaient dans les rues, écrasés par la hauteur des grandes maisons mornes, effarés par la hâte et l’indifférence des passants courant à leurs affaires ou à leurs plaisirs, ils regrettaient la paix des maisons basses en bois dans les vertes avenues de Tamatave, les siestes paresseuses dans l’ombre des varangues profondes, la bonne lumière et la douce chaleur épandues sans fin par le soleil des tropiques.

Soudain, avec la mobilité d’impressions des demi-civilisés, ils passèrent de l’enthousiasme au désenchantement ; une tristesse nostalgique les tint jour et nuit perdus dans le rêve du retour ; ils eurent quelques accès de fièvre et crurent qu’ils allaient mourir.