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une haie de curieux, qui applaudirent en voyant paraître Violhardy, plutôt bronzé que noir, le monocle à l’œil, vêtu d’un pantalon gris et d’une redingote beige. A la Préfecture, le déjeuner ne fut pas des plus gais. Mme Violhardy ne disait rien, Violhardy pas grand’chose. En vain le préfet et la préfète utilisèrent tout ce qu’ils savaient sur Madagascar, sur l’Afrique, sur l’Exposition de Marseille. Leurs invités restaient mornes, en gens peu habitués aux solennités d’une réception européenne. Le préfet sentit qu’il avait pris trop au sérieux ce demi-civilisé ; il se trouva fort ridicule d’avoir mobilisé une fanfare et sorti l’argenterie administrative. Mais le vin d’honneur était tiré : il fallait le boire. Le café et les liqueurs expédiées, on confia de nouveau le ménage Violhardy au chef de Cabinet ; ils remontèrent dans le landau de gala, et on donna l’ordre au cocher de faire durer la visite de la ville jusqu’à l’heure du départ du train de la Rochecize.

En même temps, le préfet, par un télégramme, prévint M. Durand de l’arrivée de ses hôtes :

« Pris d’une indisposition subite, regrette infiniment pouvoir pas être des vôtres demain. Gouverneur Tamatave pressé par le temps part dès cet après-midi, train quatre heures, pour Rochecize. »

Au château des Durand, tout se passa bien. On exhiba le ménage Violhardy à des invités de marque. Ceux-ci contemplèrent longuement les deux Malgaches